Lancé par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1972 afin de marquer l'ouverture de la Conférence de Stockholm sur l'Environnement humain, cet événement est une occasion pour promouvoir l'intérêt et l'action au niveau politique et représente également une occasion pour la signature ou la ratification de conventions internationales en faveur de l'environnement.
2006 est également l'année internationale des Nations Unies dédiée aux Déserts et à la Désertification. Suivant la tradition, le thème choisi par le PNUE pour la Journée mondiale de l'environnement vient à l'appui de la célébration de l'Année internationale, aidant ainsi à souligner ce problème environnemental.
Dans un rapport* publié à l'occasion de cette journée, l'ONU a averti que les déserts du monde étaient confrontés à des changements dramatiques résultant du changement climatique, de la surexploitation des nappes phréatiques, de la salinisation et de la disparition de la faune. Les déserts apparaissent en effet comme dynamiques à la fois sur le plan biologique, économique et culturel tout en étant assujettis aux impacts et pressions du monde moderne, explique Shafqat Kakakhel, directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). Ils apparaissent aussi comme de nouvelles régions avec un véritable potentiel économique et des moyens de subsistance, soulignant si nécessaire que l'environnement n'est pas un luxe mais un élément clé dans la lutte contre la pauvreté et pour atteindre les accords internationaux de développement tels que les objectifs du Millénaire pour le développement, ajoute-t-il.
Le changement climatique affecte déjà les déserts. La température en général a vu un accroissement entre 0.5 et 2 degrés Celsius sur la période 1976-2000, bien plus que l'augmentation moyenne globale de 0.45 degrés Celsius. Selon les divers scénarios établis par le panel intergouvernemental des changements climatiques (IPCC), les températures dans les déserts pourraient augmenter en moyenne de cinq à sept degrés d'ici 2071- 2100, en comparaison avec la moyenne de la période 1961-1990.
Plusieurs déserts verront leurs précipitations diminuer de 5 à 10 % et jusqu'à 15 % pour les déserts situés dans les latitudes sud. C'est le cas notamment du désert Great Victoria en Australie et des déserts de l'hémisphère nord tels que le Colorado et ceux de la région du Grand Bassin aux Etats-Unis, selon les estimations du rapport. Seul le désert de Gobi en Chine verra, d'après les estimations, une augmentation des précipitations allant de 10 à 15 %.
Les zones en marge des déserts ainsi que celles situées dans leurs montagnes, dénommées « îlots du ciel » essentielles pour la survie des populations, de la vie sauvage et l'alimentation en eau, sont aujourd'hui particulièrement menacées. On peut craindre que les zones les plus affectées soient les villes qui se trouvent dans les déserts de l'Asie du sud-ouest et du sud-ouest des Etats-Unis, estime le PNUE.
Salinisation et pollution due aux pesticides et aux herbicides menacent également d'autres sources d'eau. Citant l'exemple du bassin du fleuve Tarim en Chine ou plus de 12.000 km carrés des terres ont été progressivement salinisées dans les derniers trente dernières années, le rapport s'inquiète du risque probable et de plus en plus important que les sols se salinisent davantage.
En outre, la chasse, la construction de nouvelles routes, les établissements humains en augmentation et le développement d'infrastructures concentrées dans les régions montagneuses des déserts menacent la faune et plusieurs espèces du désert sont en voie de disparition ou en rapide diminution : gazelles, l'oryx, l'addax, la chèvre himalayenne (tahr), les moutons de Barbarie et le Houbara. Une action urgente s'impose pour protéger la vie sauvage dans les déserts, affirme le rapport.
Et pourtant les déserts peuvent offrir beaucoup de richesse. Ils offrent une faune et une flore importantes. De nombreuses plantes médicinales poussent dans le désert. Certains composés organiques prisés d'origine biologique dont les matières de base sont les micro algues et les plantes médicinales sont également fabriqués dans les déserts, grâce aux facilités qu'offre la forte illumination solaire tout le long de l'année, et exportés vers les marchés mondiaux, indique le rapport du PNUE. En marge des exportations actuelles des produits tirés des plantes sauvages originaires des régions désertiques à destination des zones non désertiques, les plantes désertiques disposent d'importantes potentialités pharmaceutiques qui méritent d'être mises en valeur, estime-t-il. Le Nipa, une herbe salée récoltée par le peuple Cocopahs dans le désert du Sonoran dans le nord-ouest du Mexique vers le delta du Colorado, pousse dans l'eau salée avec des rendements importants de graines de la taille du blé. Le rapport indique que cette espèce végétale pourrait apporter une contribution importante à la sécurité alimentaire et devenir ainsi le plus grand cadeau offert par le désert au reste du monde.
Alors que le potentiel d'énergie solaire exploité jusqu'ici dans les déserts resta infime, d'après le rapport, le Sahara pourrait capturer assez d'énergie solaire pour répondre aux besoins d'électricité du monde entier.Les avantages du désert pour l'installation de centrales d'énergie éolienne et solaire sont loin d'être négligeable, selon le PNUE : espace peu coûteux, abondance de la matière première pour ce qui est de l'énergie solaire, existences de sites exposés aux vents. La lourdeur des installations et les longues distances à couvrir pour le transport de l'énergie à destination des localités éloignées constituent toutefois un inconvénient majeur.
*Rapport sur l'Avenir des Ecosystèmes Désertiques de la Planète